PSG : L'après-Mbappé, un mercato crucial en questions

Le PSG a eu le temps de s'y préparer. Maintenant, il y est. Kylian Mbappé s'est définitivement envolé du côté de Madrid. La direction parisienne le savait. Elle avait un plan en cas de départ de son homme providentiel. Ses contours n'en sont pas moins délicats à prévoir à l'aube du mercato de tous les dangers. Car Paris doit, d'une manière ou d'une autre, compenser la perte d'un joueur qui pesait près de 40 buts en moyenne par saison. Mais ce ne sont pas juste des chiffres qu'il faut trouver. Pour Nasser al-Khelaifi, le président du PSG, et son directeur sportif Luis Campos, la réflexion doit vraisemblablement être plus globale pour que le PSG maintienne sa compétitivité.

C'est rare sous l'ère QSI. Il y avait eu la saison 2016-17, entre le départ de Zlatan Ibrahimovic et les arrivées de Neymar et Kylian Mbappé. Le PSG pouvait s'appuyer sur d'autres joueurs de premier plan sans être des icônes à l'aura du Suédois (Cavani, Di Maria, Thiago Silva, Verratti…), mais il avait dû abandonner son titre de champion de France à Monaco et subir une humiliation à Barcelone en Ligue des champions. De quoi donner des raisons aux dirigeants parisiens d'envisager un avenir plus reluisant en recrutant une référence du foot actuel pour compenser le départ de Mbappé.

Mais cette perspective a du plomb dans l'aile. Déjà parce cette classe de joueurs semble hors de portée du PSG, malgré ses moyens colossaux. L'intérêt pour des attaquants dominants du moment, comme Erling Haaland (Manchester City), Vinicius Jr. (Real Madrid) ou Harry Kane (Bayern Munich), de rejoindre le PSG et la L1 n'est pas évident. Aussi parce que Paris a déjà entamé un autre projet la saison passée, en misant sur des jeunes à potentiel plutôt que des stars confirmées, pour mettre en avant un collectif plutôt que des individualités. Recruter une méga-star n'est pas la tendance dans cette optique.

Il y a de quoi hésiter. Les pistes qui revenaient le plus souvent menaient à des ailiers gauches comme Rafael Leão (AC Milan) cet hiver ou Khvicha Kvaratskhelia (Naples) en ce printemps. Une offre de 100 millions d'euros a même été évoquée par des médias italiens pour le Napolitain. Au-delà du prix exorbitant, c'est surtout la question du développement de Bradley Barcola qui se pose si ce poste est vraiment ciblé. L'ancien Lyonnais s'est imposé sur la gauche de l'attaque parisienne, au point d'intégrer l'équipe de France pour l'Euro. Recruter un joueur à prix d'or pour évoluer dans cette zone pourrait contrarier sa progression.

Barcola peut aussi évoluer sur le côté droit, où Ousmane Dembélé s'est solidement installé, voire se rapprocher de l'axe. Il y a justement l'idée de s'attacher les services d'un attaquant axial, le poste où Mbappé a évolué le plus souvent sur la saison écoulée. Randal Kolo Muani et Gonçalo Ramos ne s'y sont pas imposés, même si le Portugais a montré des signes de montée en puissance en 2024. Mais les deux recrues phares de l'été dernier représentent un investissement majeur pour le PSG (95 millions pour Kolo Muani, 65 pour Ramos). Cibler un joueur au même poste n'a pas beaucoup de sens, alors qu'ils seront dans de meilleures conditions pour exprimer leurs qualités après un an d'adaptation.

Le départ de Mbappé doit être compensé au moins numériquement, même si Paris a encore de quoi faire devant (Dembélé, Ramos, Barcola, Kolo Muani, Asensio voire Lee). Mais sur un plan technique, ce n'est pas le secteur où le PSG semblait le moins compétitif la saison passée, même quand il a dû se passer de Mbappé. Au milieu, si Vitinha et Warren Zaïre-Emery se sont détachés comme des éléments indiscutables, il manquait un troisième homme pour optimiser le niveau de l'entrejeu. Fabian Ruiz avait la préférence de Luis Enrique mais il n'a pas convaincu. Reste à savoir si Paris se penchera plutôt sur un élément créatif ou sur un profil de récupérateur-relayeur. Voire les deux.

En défense, un secteur qui n'a pas toujours donné satisfaction lui non plus, le PSG est déjà passé à l'action avec le gardien russe Matvey Safonov, pressenti pour devenir la doublure de Gianluigi Donnarumma ou concurrencer l'Italien. Paris a parfois manqué de main d'œuvre au poste de latéral gauche avec la longue blessure de Nuno Mendes puis celle de Lucas Hernandez. Donner de la profondeur d'effectif à ce poste semble judicieux, et Luis Enrique apprécierait le profil de Théo Hernandez dans cette perspective. Un renfort est également évoqué dans l'axe, mais cela passera certainement par des départs tant les centraux sont nombreux dans l'effectif actuel.

La situation reste floue autour du milieu offensif néerlandais. Il sort d'un prêt très abouti au RB Leipzig après une saison réussie au PSV Eindhoven et Luis Enrique apprécie son profil. Simons peut aussi bien renforcer la ligne d'attaque parisienne que l'entrejeu, dans une position intérieure qui lui convient assez bien. Mais les intentions du PSG et du joueur ne sont pas très claires. Paris ne semble pas vraiment compter sur lui et l'ancien Barcelonais ne fait vraisemblablement pas d'un retour dans la capitale une priorité. Un cas qui illustre assez bien les incertitudes du mercato de l'après-Mbappé au PSG.